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Le rhum traditionnel

L’expression rhum traditionnel est employée indifféremment pour désigner différentes catégories de rhums, pourtant fort dissemblables, selon qu’elle sert à qualifier le mode de production, ou bien l’origine géographique de la matière première utilisée ainsi que la teneur minimale de l’alcool en substances volatiles. Cette ambiguïté est régulièrement la source de confusions : il n’existe pas de définition univoque, mais cette mise au point devrait lever le doute sur une terminologie encore très imprécise.

Confusion dans la terminologie

Distinguons ici les deux emplois les plus courants et souvent conflictuels de l’adjectif « traditionnel » pour qualifier un rhum :

Le sens juridique de « traditionnel » quand il est appliqué au rhum

Bien que l’on emploie la plupart du temps indifféremment traditionnel et industriel pour qualifier un même rhum, ces deux adjectifs sont, du point de vue de la législation, loin d’être équivalents. Cependant, aucune obligation légale ne contraint l’utilisation du qualificatif traditionnel dans son sens strictement légal.

Ainsi, selon le Règlement n°110/2008 du Parlement européen et du Conseil du 15 janvier 2008, l’utilisation du terme « traditionnel » ne repose pas sur la distinction (fondamentale pour nous) opposant les rhums qui sont fabriqués à partir de mélasse à ceux qui emploient le jus de canne frais, mais sert plutôt à qualifier un rhum « produit par distillation à moins de 90 % vol après fermentation alcoolique de produits alcooligènes exclusivement originaires du lieu de production considéré » et dont la teneur « en substances volatiles doit être égale ou supérieure à 225 grammes par hectolitre d’alcool à 100 % vol et il ne doit pas être édulcoré ».

En clair, selon cette règlementation, deux conditions sont nécessaires pour qu’un rhum soit qualifié de traditionnel : il faut que les matières premières (désignées ici par « produits alcooligènes », qui sont le sucre ou la mélasse) soient locales et non importées, et que le Taux de Non Alcool (le TNA, ici désigné sous l’expression « substances volatiles »), c’est-à-dire la concentration en substance différant de l’alcool, et qui sont en partie à l’origine de la saveur et des arômes, dépassent un seuil de 225 g/HAP.

Dès lors, on peut tout aussi bien parler de rhum traditionnel à propos d’un rhum agricole produit en Martinique et bénéficiant d’une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), que d’un rhum industriel cubain ou jamaïquain. Le règlement du Parlement européen bouleverse une catégorisation pourtant bien installée dans les habitudes des consommateurs avertis.

Source

Texte de loi paru sur le site Eur-lex.europe.eu sous le titre Règlement (CE) n° 110/2008 du Parlement européen et du Conseil du 15 janvier 2008 concernant la définition, la désignation, la présentation, l’étiquetage et la protection des indications géographiques des boissons spiritueuses et abrogeant le règlement (CEE) n°1576/89 du Conseil.